Au début
Au tournant du vingtième siècle, on éprouve déjà le besoin de resserrer les liens professionnels entre les diverses associations provinciales d’architectes au Canada. À l’issue d’une série de rencontres réparties sur une période de douze mois et auxquelles ont assisté MM. D. Ewart, architecte en chef au ministère des Travaux publics, à Ottawa, Edmund Burke, président de l’Ontario Association of Architects (OAA) et Alcide Chaussé, président de l’Association des architectes de la province du Québec (AAPQ), on juge le temps venu de mettre sur pied un organisme national.
En avril 1907, une lettre circulaire est envoyée à 500 architectes qui exercent leur profession à travers le Canada, les invitant à se joindre au nouvel institut à titre de membres fondateurs et ce, moyennant une cotisation de 10 $. M. Chaussé, nommé secrétaire par intérim, y écrit : ” Certains architectes jugent le moment venu de créer une société qui engloberait tout le Dominion. On estime qu’une telle société s’impose dans l’objectif de rehausser la dignité et le prestige de la profession. Cette société faciliterait en outre l’unification des divers organismes locaux et pourrait être utile aux architectes qui exercent leur profession dans des localités où il n’existe aucun organisme. “
On procède à la formation d’un conseil provisoire composé du président A.F. Dunlop, RCA, AAPQ, de Montréal, des vice-présidents Edmund Burke, OAA, de Toronto, Maurice Perrault, AAPQ, de Montréal, aussi membre de l’Assemblée législative du Québec et S. Frank Peters de Winnipeg, président de la MAA, ainsi que du secrétaire et ancien président de l’AAPQ, Alcide Chaussé et du trésorier, J.W.H. Watts, RCA, vice-président de l’OAA pour Ottawa et président de la Société d’Ottawa de l’OAA. Le Conseil est formé de quatorze membres représentant toutes les associations provinciales du pays. M. J.C. Walsh, député du comté de Sainte-Anne à Montréal, est nommé conseiller juridique.
L’étape suivante consiste à rédiger un projet de loi destiné à obtenir du gouvernement l’autorisation de constituer l’Institut en société. Sous la direction de M. Walsh, on prépare donc un projet de constitution en société de l’Institut des architectes du Canada. Ce document exhaustif a pour but principal de restreindre l’utilisation du titre d’architecte et l’exercice de la profession aux membres de l’Institut. On y définit en détail les qualités et compétences requises de ceux qui aspirent à devenir membres et on y propose la formation d’un jury composé d’au moins sept examinateurs, chargés d’étudier chaque demande et de faire subir aux candidats retenus les examens préliminaires et finaux proposés par l’Institut. Les candidats devraient ainsi réussir des examens sur la nature des sols et fondations, la résistance des matériaux et la construction, l’histoire de l’architecture, l’ornementation et la conception, l’hygiène et l’assainissement des immeubles, la jurisprudence en matière d’architecture, le chauffage et la ventilation, l’acoustique et le cahier des charges.
Le projet de loi stipule que ” l’Institut comprendra les catégories suivantes de membres : membres honoraires, membres correspondants, membres associés et étudiants, conformément aux règlements rédigés à cette fin. “
Le premier congrès
Le conseil d’administration provisoire de la société propose la tenue d’un congrès des architectes canadiens à Montréal, du 19 au 23 août 1907, pour discuter à fond du projet de loi. L’en-tête de la lettre d’invitation à ce premier Congrès se lit comme suit : ” Toujours de l’avant, unis en faveur de la protection de nos concitoyens et de l’avancement de notre art. “
M. Edmund Burke, président de l’OAA, fait remarquer qu’à sa connaissance, c’est la première fois que les membres de langue anglaise de l’Ouest ont eu le plaisir de rencontrer dans le contexte d’un congrès leurs amis et confrères de la province de Québec. Il souligne également l’importance de la formation professionnelle en déclarant : ” Si nous formons bien nos étudiants et si nous n’admettons à la profession que les candidats hautement qualifiés, je crois que le reste ira de soi. “
Il est évident, d’après les rapports des rencontres et la correspondance afférente, que les provinces sont bien représentées et les débats, fort animés. On trouve le compte rendu exhaustif des actes de ce congrès dans les archives de l’IRAC.
Constitution en société de « l’Institut d’architecture du Canada »
Le mercredi 20 novembre 1907, le texte du projet de loi ou la Loi de constitution en société de l’Institut des architectes du Canada est déposé devant le Greffier de la Chambre des communes.
Il provoque un débat houleux en chambre et suscite une forte opposition de la part de ceux qui jugent que la création d’une société fermée n’aurait d’autres conséquences que de nuire aux entrepreneurs généraux, aux ingénieurs, aux fabricants et à toute autre personne qui souhaiterait exercer la profession d’architecte.
Après plusieurs amendements, le projet de loi est adopté au moyen d’une loi spéciale du Parlement du Dominion, le 16 juin 1908 et la société est constituée sous la raison sociale de ” Institut d’architecture du Canada “.
Institut royal d’architecture du Canada
Le 15 mai 1909, l’Institut d’architecture du Canada signe une alliance avec le Royal Institute of British Architects. Dans une lettre du Gouverneur général datée du 2 juin 1909, l’assentiment royal est accordé et le mot ” royal ” est ajouté à la raison sociale de l’Institut.
La charte – 1929
Le 1er avril 1912, puis à nouveau le 10 juin 1929, la charte de l’IRAC est amendée par une loi spéciale du Parlement, de façon à permettre trois catégories de membres :
1. les membres;
2. les fellows et
3. les fellows honoraires.
La charte précise alors que les objectifs de l’Institut sont de faciliter l’acquisition et l’échange de connaissances professionnelles parmi ses membres et, plus particulièrement, de promouvoir l’acquisition des connaissances requises pour exercer la profession et d’encourager la recherche dans tous les domaines qui s’y rapportent.
Règlements de 1929 – Les fellows
Les règlements de l’IRAC adoptés le 28 décembre 1929 et amendés en 1932 et en 1934, comprennent l’instauration d’un ‘corps original de fellows’ ainsi que les modalités de mise en candidature et d’élection. Le Conseil juge que pour créer ce corps aux termes de la charte amendée en 1929, le titre de fellow doit être conféré à tous les présidents antérieurs des associations provinciales ainsi qu’aux fellows nommés avant 1913, à condition qu’ils acceptent ce titre dans un délai de deux mois. Subséquemment, l’élection des fellows sera réglementée et chaque candidature sera proposée par un fellow et appuyée par deux autres. Au nombre des autres règlements, mentionnons que le candidat doit avoir au moins 35 ans et être déjà membre de l’IRAC; qu’il doit être associé principal de son propre cabinet depuis 10 ans ou avoir occupé des fonctions de direction équivalentes dans un cabinet autre que le sien. La lettre de mise en candidature doit préciser les raisons qui justifient la recommandation à l’élection : distinction professionnelle, services à la profession, qualités artistiques, etc. De plus, le candidat doit consentir à devenir fellow.
Il est convenu que les fellows formeraient un corps consultatif en mesure d’exprimer ses points de vue au Conseil, à la direction et aux membres réunis en assemblée générale.
Il était prévu que le titre de fellow honoraire pouvait être conféré aux ” fellows à la retraite et à toute personne ayant contribué à l’avancement de l’architecture au Canada ou à l’étranger. “
Le paiement de la cotisation annuelle a causé des problèmes constants aux administrateurs. En raison de la crise économique des années 30, bon nombre de fellows ont eu de la difficulté à s’acquitter de leur cotisation. En conséquence, on a demandé au président d’envoyer une lettre aux plus anciens fellows de chaque province, les priant de bien s’assurer que les éventuels fellows soient mis au courant de leurs obligations financières et s’engagent à les respecter, et ce, avant la présentation de leur candidature.